L’Orgue, un monstre non musical?

Introduction

« Je suis dégoûté […] par ce monstre qui ne respire jamais. » – Stravinsky n’a point du tout essayé de cacher son opinion sur l’orgue. Et ce n’est pas un cas isolé dans le monde musical : après l’époque baroque, ou bien les grands compositeurs ont négligé l’instrument à tuyaux entièrement, ou bien, comme « Schumann et Brahms, [ils] ne lui ont consacré que quelques œuvres qui sont loin d’être parmi les plus significatives. » Même W.A.Mozart, qui a parlé de l’orgue comme « le roi des instruments », « n’a laissé aucune composition majeure pour l’orgue à part quelques exercices contrepointique », et il a même méprisé l’idée d’être employé comme organiste. Ceux qui ont consacré une partie majeure de leur musique à l’orgue étaient des « organiste-compositeurs » dans la France et l’Allemagne du 19ième siècle, comme par exemple C.M. Widor, L. Vierne, M. Reger et J.G. Rheinberger : les Sonates de ce dernier occupent certainement une place importante dans l’histoire de la musique, mais de là à constater – comme Harvey Grace - qu’elles auraient une valeur artistique supérieure à celles de Beethoven pour le piano me semble être un peu exagéré. Il faut attendre le 20ième siècle afin de voir un compositeur majeur - Olivier Messiaen – qui écrit des chef-d’œuvres pour le « monstre ».

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La Tribune de l’Orgue. 61/3 (2009): 3-12.